in : Journal 14.3.2015
Et aujourd’hui? La croissance économique
et le bien-être grand-ducal relèvent
d’une force de travail composée
de 34% de Luxembourgeois, de 26%
de résidents étrangers et de 40 %
de frontaliers sans oublier les investissements étrangers
et les créations d’entreprises par des
allochtones.
L’acquis de nos démocraties
consiste à ce
que les règles de fonctionnement émanent
du vote populaire, base de la légitimité des
élus, tant locaux que nationaux. Souvent on évoque
à ce
sujet le slogan un homme, une voix (devenu au Grand - Duché dès
1919 un homme ou femme, une voix) ou encore celui de la Tea Party de Boston en
1773 : « No taxation without representation ».
La démocratie
luxembourgeoise est devenue bancale, ses élus
ne représentent qu’une partie (décroissante)
de la population.
(Graphe 1)
Si le graphe 1 fait état
de la situation du corps électoral pour les législatives,
notons que du côté des
scrutins communal et européen la situation a
bougé et
ce à partir
du traité de
Maastricht. Au départ, les citoyens de
l’Union étaient seuls
concernés, à ce jour tout étranger
au Luxembourg peut se faire élire et devenir
bourgmestre. Cette ouverture ne
connait cependant qu’un succès
mitigé, les inscriptions sur les listes électorales
pour les communales n’atteignant que 17 %
des concernés, celles pour les européennes
seulement 12.
Il n’y a eu
malheureusement à ce jour pas d’analyse,
ni de débat sur le pourquoi de ces modestes scores, au point que l’on
peut se demander si ce rythme lent n’arrange
pas le monde politique. Le principe est acquis, l’évolution
lente n’induit pas de
bouleversement des rapports de force entre les partis politiques. Si nos
responsables se satisfont de cet état
des choses, ils devraient peut être revoir le
nombre d’élus en fonction de l’électorat.
C’est ainsi qu’avec
40% des ses habitants comme électeurs, la ville
de Luxembourg devrait se contenter de
11 membres au conseil communal au lieu des 27 actuels.
La question de la présence
des non - luxembourgeois se pose au sein des partis politiques, parmi le
personnel communal, dans les logements appartenant à la
municipalité, etc. Si d’après
la loi un étranger peut devenir bourgmestre, logiquement TOUS les
emplois communaux devraient être accessibles aux
non - luxembourgeois. Avec quelques 3% la capitale est loin du compte !
Affinons un peu notre analyse et venons - en par exemple à la
composition de la population par groupe d’âge
(graphe 2)
Le graphe 2 nous renseigne sur la structure des âges
de la population luxembourgeoise respectivement étrangère
de la capitale en date du 1 janvier 2008.
La « multiplicity » est
une réalité évidente, le faible
légitimé de ses élus
une autre!
A partir du graphe 1,
appliquons le principe d’un nombre de députés
correspondant à la dimension de l’électorat.
Au lieu de 60 députés
il en aurait encore 34 au Krautmaart!
La société légale
s’éloigne de plus en plus de la société réelle… des
résidents !
Il appartiendra aux Luxembourgeois de décider
le 7 juin prochain si cette situation de quasi apartheid leur semble porteuse d’avenir!
Le droit de vote n’est
pas un simple acte citoyen tous les 5 ou 6 ans, il donne à chaque
citoyen un poids politique, dont les candidats et les élus
devront tenir compte d’une façon
ou ou d’une autre. Les intérêts
légitimes en matière
de scolarisation ou de logement
sont des enjeux démocratiques que les
partis politiques prennent en charge selon leur orientation idéologique.
Scolarisation et logement pourront illustrer ces
propos.
Pour attirer les « high
skilled » le gouvernement ne ménage
pas ses efforts pour renforcer les écoles
internationales. Ces populations scolaires peuvent s’épanouir
en cercle fermé et peu de contacts avec les
autres jeunes d’ici: on ne leur
demande pas de s’intégrer
et de passer par le moule de l’école publique censée
brasser les origines sociales et culturelles. Au risque d’exagérer,
la séparation se poursuit au sein du système
scolaire luxembourgeois lui-même. Dans l’enseignement
classiques les futures élites du pays sont
tenues à l’écart
des jeunes des classes populaires et étrangères
et ce dès l’âge de 12 ans. Comme toujours, et de plus en plus les
exceptions confirment la règle, et tant mieux
!
N’empêche
qu’il faudrait prendre au sérieux
l’analyse du chercheur américain
Joel Fetzer qui écrit dans son livre
« Luxembourg
as an immigration success story » paru en 2011: "Perhaps
they (un nombre croissant d'électeurs
étrangers)
will eventually come to view the status quo educational system as a form of
institutional "affirmative action" for middle class native
Luxembourgers at the expense of working class immigrants (..). "
C’est
l’école luxembourgeoise qui forme ou ne forme pas la
population du Luxembourg de demain, les grosses fortunes ne restent au pays que
le temps de leurs avantages (fiscaux et autres).
Au fil des décennies
la politique de logement n’a pas accompagné la
croissance démographique du pays, les choses vont -elles changer par l’électorat
actuel, renforcé demain
?
Ecole et logement
ne posent pas problème aux high skilled
et aux fortunés venant s’installer au Grand
- Duché, il s’achètent
tout ce qu’il leur faut dans ces 2 domaines.
Une école
qui cherche depuis des décennies des réponses
et un marché de
logement créant et entretenant la pénurie
de logements abordables se répercutent dans le
chef des électeurs, d’aucuns rendant les
nouveaux venus responsables !
Tout n’est
pas inéluctable, autant relever les défis
!
serge kollwelter