mardi 9 août 2011

Rien faire, c'est tout faire pour limiter les effets!



Les voilà les résultats de l'inscription sur les listes électorales! Le score archi-modeste va sans doute satisfaire celles et ceux qui prônaient la participation du plus grand nombre aux prises de décision, tout en se cantonnant de manière ostensible en marge de la campagne de sensibilisation. A moins que vous ayez vu ou entendu des présidents de partis, des bourgmestres ou autres responsables politiques prendre position, s'engager, militer pour l'inscription? Parmi les innombrables conférences de presse tenues depuis le début de l'année par tous les partis politiques confondus, pas une seule consacrée a un message fort et convainquant en ce sens.
Si les membres des partis politiques, tous à quelques nuances près en faveur du droit de vote des étrangers, avaient convaincu chacun un non-électeur à se joindre à la gestion de la cité en s'inscrivant, le résultat serait autrement substantiel, sans recourir à des gadgets et autres dépliants. Certes le parlement avait alloué 180 000 euros à une campagne de sensibilisation, sur laquelle il faudrait s'attarder. Retenons pour l'instant qu'il s'agissait d'une campagne administrative, gérée par une administration, alors même que l'inscription constitue une démarche éminemment politique. La formule intéressante d'accompagner cette campagne par un comité restreint de 21(!) membres comprenant Ministères, partis politiques, syndicats et associations a fait long feu.
La campagne de sensibilisation était un puzzle d'actions non liées avec des financements attribués sans transparence, une absence de stratégie médiatique, un site internet sans vie ni âme, une journée nationale d'inscription peu suivie, parce que guère promue, une mobilisation associative ni structurée, ni coordonnée, voir carrément absente. Il faut souligner que le principe du traitement égal n'était pas à l'ordre du jour: telle commune proposait des facilités, telle autre était fermée le 14 juillet, dernier délai promu à coups de communiqués gouvernementaux la semaine précédente. L'offre de pouvoir faire l'inscription par internet fut lancée à quelques encablures de la clôture des inscriptions, sans préciser que cela ne valait pas pour toutes les communes et seulement pour les citoyens étrangers pouvant faire valoir leurs 5 ans de résidence au Grand - Duché dans leur commune actuelle. A propos de cette clause de 5 ans, les pouvoirs publics veulent faire croire qu'il est impossible d'identifier les étrangers résidant au Luxembourg depuis 5 ans, et ce à l'ère informatique qui est la nôtre. La volonté politique ne se mesure pas en kilobytes, des invitations personnalisées à s'inscrire ont été envoyées a tous les étrangers, au pays depuis quelques mois ou depuis des décennies!

Quid de l'intégration?

La progression modeste du nombre d'électeurs satisfait sans doute les partis politiques, puisqu'avec un nouvel électorat à doses homéopathiques le risque d'infléchir des rapports de force est limité. Tant que les partis politiques n'auront pas intégrés en nombres significatifs des non -luxembourgeois dans leurs structures locales et nationales, ils votent des lois d'ouverture permettant aux étrangers d'assumer les fonctions de bourgmestre, se pavanent d'une campagne de sensibilisation sans doute unique dans l'Union européenne, tout en prenant soin d'avoir un impact minimal dans les urnes. Le silence assourdissant des politiques pendant la campagne de sensibilisation a porté ses maigres fruits!
Le nombre modeste de candidats étrangers sur les listes n'en est qu'une conséquence!
Si de par l'Europe de plus en plus de citoyens ne vont plus aux urnes, comme pour les législatives récentes au Portugal où 41 % des électeurs ont boudé les isoloirs, le Luxembourg peut se prévaloir d'une très forte participation, vote obligatoire aidant. On ne peut cependant pas faire oublier pour autant que pour les élections nationales de 2009 seuls 45 % des habitants du Grand Duché étaient électeurs!
Le nombre de conseillers communaux est fixé selon le nombre d'habitants. Si ce nombre dépendait du nombre d'électeurs, toutes les communes déchanteraient. Prenons quelques exemples : Beaufort aurait droit à 5 conseillers au lieu de 9, Differdange 9 au lieu de 17, à Dudelange 12 conseillers seraient à élire au lieu de 17, la capitale devrait se satisfaire de 11 élus au lieu des 27 actuels.
Comment faire valoir au printemps les enjeux électoraux, différents d'une commune à l'autre et ne s'articulant que lors de la campagne proprement dite, à savoir le mois qui précède le jour du scrutin du 9 octobre?
L'intérêt pour la chose publique n'est certes pas le seul critère d'intégration, il ne faut cependant pas le sous- estimer. Le score obtenu pour l'inscription sur les listes électorales pose aussi la question de l'adhésion des citoyens à leur société d'accueil. Alors que la loi d'intégration du 16 décembre 2008 (!) avait laissé entrevoir une approche plus volontariste, force est de constater qu'à ce jour cette loi est restée lettre morte. Le contrat d'accueil et d'intégration pour les nouveaux venus aura coûté d'ici la fin de cette année près d'un demi million d'euros, mais toujours pas de contrat à l'horizon!
Le droit de vote municipal est un acquis du traité de Maastricht et a été étendu au Luxembourg aux ressortissants de pays tiers. Ce traité stipule dans son article 6 que l'accès au droit de vote des citoyens de l'Union doit être le même que pour les nationaux. Il faut en déduire l'inscription d'office des étrangers à l'instar des Luxembourgeois. La nécessité d'intéresser TOUS les résidents à leur qualité de vie et à leur contribution à la cohésion sociale n'aura pas disparu pour autant!
Serge Kollwelter








1 commentaire:

Delphine M a dit…

Bonjour,
Je pense que si la gestion politique du vote des étrangers n'a pas été optimale, un bon nombre d'étrangers, y compris de résidents de longue date, ne s'intéressent en aucun cas à ce qui se passe à Luxembourg et n'ont aucune intention de se déplacer, même s'ils sont inscrits. L'opportunisme de mes collègues européens, notamment, n'est plus à démontrer. Il y a donc une responsabilité partagée. Je ne suis pas sûre de croiser beaucoup de mes collègues dimanche aux urnes même si personnellement, je suis ravie d'avoir ce droit d'expression...