Vous avez porté une affaire devant la juridiction administrative,
une affaire dont des centaines de personnes ont été affectées à
l'identique. La Cour administrative vous a donné raison. L'année
suivante vous apprenez que l'arrêt en question est resté lettre
morte: des centaines et des centaines de personnes n'ont rien vu
bouger .
De quoi s'agit-il ?
Dans un arrêt du 1 février 2011 la Cour administrative a décidé que
l'avis d'orientation émis à la fin de la 6e année d'études de
l'école primaire, autrement dit à la fin du 4e cycle de
l'enseignement fondamental, est à considérer et à traiter comme une
décision administrative. Cela signifie pour l'essentiel que cet
"avis" doit être motivé. En réponse à une question parlementaire, la
Ministre de l'Education écrit : "Tous les avis d'orientation
finalisés au cours du 3e trimestre de l'année scolaire 2011/2012 par
les membres des conseils d'orientation dans le cadre de la procédure
d'admission à une classe de 7e de l'enseignement secondaire ou
secondaire
technique comporteront une plage réservée à la motivation de l'avis
en question. Cette plage indiquera les éléments pris en compte pour
élaborer l'avis d'orientation ainsi que la motivation qui en
constitue la base."
Dès lors on aurait pu s'attendre à ce que l'arrêt de la Cour soit
respecté et ce d'autant plus que la Ministre précise que les
titulaires des classes seront informés des modifications esquissées.
Qu'y a-t-il lieu de constater à la fin de l'année scolaire?
La moitié des élèves ont été dirigés vers l'enseignement secondaire,
l'autre vers le technique. Cet aiguillonnage précoce à l'âge de 12
ans aura des répercussions sur la scolarisation de l'enfant et sur
la vie professionnelle et sociale du futur adulte. A tort
l'enseignement technique est moins considéré. Les parents et les
enfants s'attendent à juste titre à une explication quant aux
éléments qui ont conduit les experts à l'orientation vers le
technique. La Cour a précisé l'obligation légale de pareille
motivation.
En main un avis d'orientation - non daté (!) - qui comprend en tout
et pour tout une référence au cadre légal du type "copier/ coller"
sans fournir la moindre précision quant aux éléments relatifs à
l'élève en question!
Qui se soucie du respect de l'Etat de droit et par là du respect
du citoyen?
Le Ministère continue à produire des décisions non motivées comme si
de rien n'était et ce à grande échelle. Certes les concernés qui se
sentiraient bafoués en leur droit pourraient porter leur cas devant
la juridiction administrative pour aboutir après des mois voir des
années ? Une décision de justice ne s'impose-t-elle pas tout
simplement et en premier lieu aux autorités publiques? Le pouvoir
exécutif semble ignorer les injonctions du pouvoir judiciaire.
Au delà de la dimension juridique et politique cette attitude est
irrespectueuse au plus haut degré du citoyen qui n'a qu'à encaisser,
rester coi, passer à autre chose. Les nombreuses réactions dont j'ai
eu connaissance estiment que pareil traitement serait administré
pour l'essentiel aux familles étrangères. Les statistiques
pourraient étayer cette vision des choses, puisque les élèves
étrangers se retrouvent pour l'essentiel dans l'enseignement
technique .
Compterait-on en haut lieu sur les vacances et les non -électeurs
pour esquiver la décision de la Cour ?
Serge Kollwelter
in : Le Jeudi 2 août 2012
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