La politique d'asile à un tournant?
Lettre publiée dans le Luxemburger Wort du 7.2.2015
Les conflits au Proche Orient et en Europe orientale ne cessent de
"produire" des réfugiés. Ils font des apparitions régulières mais
furtives dans nos journaux télévisés.
62 ont trouvé le chemin depuis la Syrie jusqu'au Luxembourg en 2014,
une trentaine y ont été acheminés par le gouvernement
luxembourgeois. Faisons un instant un détour par le Liban. A une
population de 4 millions se sont ajoutés 1,5 millions de réfugiés
syriens! C'est comme si au Luxembourg il y en avait 200 000 !
Pour ce qui est de notre part, restons donc modestes, même si le
gouvernement en réinstallera quelques dizaines supplémentaires au
cours de cette année.
Dans le contexte grand-ducal quelques changements s'annoncent en
matière de politique d'asile et il faut s'en féliciter, tout en
soulignant des questions qui restent ouvertes.
Au niveau législatif, et pour répondre aux "exigences" de l'UE, le
gouvernement mettra en route des changements pour réduire la durée
de la procédure d'examen des demandes de protection internationale
en augmentant le personnel de la Direction de l'Immigration. Il
donnera une perspective aux familles dont un jeune aura fait 4
années de scolarité au Grand - Duché. Parmi les questions ouvertes,
citons l'accès des demandeurs en procédure au marché de l'emploi,
l'inaction forcée étant le pire des compagnons ....
L'examen de la demande se focalise exclusivement sur les raisons
(politiques) de la fuite, il n' y est pas question des compétences
et qualifications des concernés. On y viendra à la fin de la
procédure pour celles et ceux qui auront obtenu un statut. Pourquoi
ne pas valoriser les compétences, en permettre une adaptation
(linguistique) pendant la durée de la procédure quelque puisse en
être l'issue ?
Ces dernières années la moitié des demandeurs venaient encore des
Balkans. Comme ces pays ont été déclarés pays sûrs (sauf la Serbie
et le Kosovo) leurs ressortissants passent par une procédure
accélérée avec un retour (forcé) à la clé. Contrairement à ce qu'on
peut penser, il ne s'agit pas d'une liste de l'UE, mais c'est en
2007 que le gouvernement a établi sa propre liste. Pensez que comme
pays sûrs y figurent e.a....l'Ukraine et le Mali !
La politique d'asile se décline en large partie au niveau de l'UE.
Dès lors la participation au Conseil des Ministres afférent est
essentielle, d'autant plus que le Luxembourg en assurera la
présidence au 2e semestre. Pour l'instant la politique de l'UE
consiste à renforcer ses frontières ce qui a pour conséquence
immédiate un nombre croissant de morts en Méditerranée et une
augmentation des tarifs des passeurs.
Une fois à Luxembourg et en procédure, les demandeurs sont pris en
charge par le Ministère de la Famille et ses services d'accueil. Il
était grand temps qu'un vente nouveau y souffle. Les récentes
annonces laissent entendre pas moins qu'un changement de cap:
dépasser la dépendance et l'inaction en passant de l'assistance à
une responsabilisation et à une certaine autonomie, comme par
exemple la possibilité de faire sa propre cuisine avec un (modeste)
budget, profiter d'un suivi social et psychologique. Ceci implique
aussi du personnel qualifié supplémentaire. Débarrassé d'un
collaborateur peu respectueux, mais couvert par sa hiérarchie, les
agents de l'OLAI doivent pouvoir dorénavant développer leur sens de
responsabilité et d'initiative. A mettre quand même au crédit des
responsables sortants la construction d'un Foyer d'accueil Don Bosco
flambant neuf avec une contribution financière de l'UE.
Comme questions ouvertes il y lieu de mentionner l'écho insuffisant
des communes à l'appel du gouvernement pour mettre des logements à
disposition, tout comme l'absence (encore) d'une réflexion pour
passer d'un encadrement sécuritaire fort cher pour le budget de
l'Etat à un environnement social. Dire que certains foyers sont
surveillés nuit et jour par des firmes de sécurité et que leurs
habitants n'ont droit qu'à quelques heures de présence d'un
travailleur social par semaine!
Sommes toutes des notes fort satisfaisantes pour les 2 Ministres
quant à leurs intentions, sans doute liées à une empathie certaine
dans leur chef: quand donc a -t-on vu des Ministres en charge de ces
dossiers s'enquérir sur le terrain et aller expliquer leur politique
dans des écoles, des communes ?
Attendons les actes .....
serge kollwelter
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