Bonjour - Moien au risque de vous ennuyer avec mes remarques et autres contributions sur ceci et sur cela, allons-y, plongeons dans cette réalité grand ducale ( i.e. Grand-Duché de Luxembourg), partageons et discutons- en ! Serge
vendredi 9 octobre 2015
Welcome ? Edito Forum Oktober 2015
Une politique d’accueil explicite pour les nouveaux
venus, citoyens de l’UE ou ressortissants de pays
tiers, est encore balbutiante avec un modeste contrat
d’accueil et une centaine d’heures d’apprentissage de
la langue à la clé. La venue et la perspective de demandeurs
d’asile en nombre consistant a soulevé une
vague de sympathie et de bonnes volontés de toutes
(?) parts. Il faut féliciter le gouvernement pour sa
réactivité en matière de recherche de logements: les
drames en cours ont sans doute aussi contribué à ce
que des communes bougent… enfin! Reste à savoir
comment ces initiatives vont converger vers une politique
cohérente.
Même si la répétition des drames risque de les banaliser,
les causes restant les mêmes, d’autres hommes
et femmes, enfants et bébés continueront à chercher
ailleurs ce qui leur est nié chez eux : paix et
moyens de (sur-)vivre. C’est dire qu’il nous faudra,
à l’autre bout de leur chemin, avoir une longue
haleine, une volonté accrue pour des réponses durables.
Bonnes volontés et réticences sont et seront
à l’oeuvre. Il dépendra en bonne partie du gouvernement
de les coordonner, d’étoffer ses propres
services tant à l’accueil au ministère de la Famille
qu’à l’examen des demandes d’asile au ministère
de l’Immigration, de tenir un discours cohérent,
de jouer à fond la transparence, y compris quant
aux coûts que l’accueil causera dans un premier
temps. L’appel pour un «Runder Tisch » réunissant
les pouvoirs publics, tous les partis politiques,
les employeurs et syndicats, les associations et les
bénévoles reste sans réponse. Pourquoi ? Ne serait-
ce pas un bon moyen pour réagir et répondre
aux questions, réticences voire peurs qui existent
au sein de la population ? Rappelons que les 15%
de la population résidente en risque de pauvreté
ont été frappés de plein fouet par l’augmentation
de la TVA – augmentation que les « élites » n’ont
presque pas remarquée dans leur porte-monnaie.
Prenons quelques chiffres : il est impossible de savoir
combien de personnes viennent par leurs propres
moyens demander l’asile au Luxembourg, toujours
est-il que leur nombre va croissant sur les trois premiers
trimestres 2015. Le nombre de réfugiés attribués
au Luxembourg par une répartition parmi les
États membres devrait être affiché sans ambages. Et
finalement, peut-être le plus difficile : une communication
cohérente du gouvernement d’une part,
au sein des partis qui le constituent et envers la population
en général d’autre part. Après la débâcle
du référendum en matière de communication, il
faut malheureusement craindre le pire ! Prenez la cacophonie
en matière de logement chez l’habitant.
L’idée est lancée par le Premier ministre, puis silence
pendant des semaines. À l’heure où nous bouclons
la présente édition de forum aucune précision n’a
encore été apportée. S’agira-t-il de demandeurs en
procédure ou de réfugiés ayant le statut, sachant que
les derniers ont droit au RMG et peuvent donc payer
un (modeste) loyer ?
Sans attendre la mise en place d’un centre pour la
formation politique, un dossier pédagogique sur les
questions relatives aux migrations et réfugiés devrait
être élaboré et diffusé aux écoles. La situation actuelle
devrait pouvoir être l’occasion d’évoquer les
causes des migrations actuelles, les situer dans un
contexte géopolitique, évoquer des situations semblables
dans l’histoire récente du Grand-Duché, etc.
Il semble que la période d’inactivité forcée à laquelle
est soumise un demandeur de protection internationale
pendant neuf mois soit assouplie. La formule de
l’Autorisation d’occupation temporaire (AOT) doit
aussi être revue : pour un travail toute autre personne
aura la priorité, autrement dit le demandeur d’asile
entre en ligne de compte en tout dernier lieu. En cas
de réponse négative, l’AOT est annulée immédiatement
sans préavis. Encore faudrait-il que parmi les
nombreuses questions posées à un demandeur à son
arrivée en figure une aussi sur ses compétences. Les
autorités ne s’en enquièrent qu’à la fin de la procédure
après des mois, voire des années.
La situation actuelle pose un défi pour la présidence
luxembourgeoise du conseil européen. Le risque
des solutions faciles et populistes existe : déclarer
un pays comme pays sûr ne tarit pas les flux qui en
sont originaires, la chasse (militaire) aux passeurs
ne fait qu’augmenter leurs tarifs. La perspective de
voies légales d’immigration évoquée par Juncker au
Parlement européen constitue une véritable ouverture.
Le mécanisme législatif de l’UE mettra 2 à 3
ans avant que pareilles voies soient effectives. Autant
commencer de suite ! Finalement, la conférence
Europe-Afrique qui se tiendra les 11 et 12 novembre
à Malte revêt une importance certaine. Y abordera-
t-on les questions qui fâchent dont les relations
commerciales entre l’UE et les pays africains, la politique
des excédents agricoles européens qui inondent
le marché africain et y tuent l’agriculture locale pour
n’en citer que deux. u
Serge Kollwelter
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