Madame,
Monsieur,
Vous avez été élus en juin 2009 respectivement en octobre 2011 pour
gérer la destinée du Grand - Duché, respectivement de votre commune.
Au beau milieu d'une crise économique qui n'épargne pas le Grand -
Duché et face à la recrudescence d'une certaine animosité
anti-étrangers, nous avons en ce début d'année assisté à de
nombreuses déclarations invoquant
le souci d'une intégration, donc d'une interaction entre les
citoyens d'origine sociale et nationale différentes, certains
responsables dressant l'épouvantail de sociétés parallèles.
Malheureusement il faut constater que ces belles paroles ne sont
guère accompagnées de politiques volontaristes. Depuis décembre
2008 nous avons une loi d'intégration qui a mis beaucoup de temps
pour accoucher de quelques projets peu ambitieux et qui ont
davantage rapporté aux firmes de consultance et de communication
qu'aux concernés, c'est à dire à tous les citoyens du Luxembourg,
sans oublier les frontaliers qui font aussi partie de notre corps
social.
Citons par exemple le Contrat d'accueil et d'intégration qui aura
englouti en 4 ans près de 600 000 euros, alors que les
bénéficiaires sont encore peu nombreux. En même temps les modestes
efforts associatifs seront réduits de facto de 20 % de 2011 à
2012.
Pour donner corps aux belles paroles, il faut une politique
volontariste, qui n'est pas nécessairement coûteuse, même si
certains investissements judicieux pourront éviter de grands
dégâts dans la cohésion sociale et à ce moment nécessiteraient des
sommes colossales pour les réparer. Nulle part ailleurs en Europe
le vivre ensemble entre autochtones, allochtones et frontaliers
n'est un enjeu aussi grand qu'au Luxembourg. Cela vaut
particulièrement en matière d'éducation et de scolarisation, donc
d'investissement dans le futur. Cela vaut aussi pour la
participation politique, expression de l'adhésion à la société du
Luxembourg. Pouvons - nous assister comme des spectateurs passifs
à la marche vers une société régie par une minorité évoluant en
peau de chagrin: près des 2/3 de la population active sont exclus
du processus démocratique ! Les tergiversations en matière d'asile
n'ont pas été de nature à renforcer la confiance en la politique.
Affirmer haut et fort qu'on ne sait plus que faire ni où loger les
demandeurs d'asile, ne relève pas d'une attitude digne d'un
gouvernement. Lorsque celui-ci veut se rattraper en stigmatisant
les roms comme touristes d'asile et en rognant leur argent de
poche, ne se rend-il pas compte qu'il alimente les officines
xénophobes.
Il est urgent de développer des concepts, de mettre en oeuvre une
politique volontariste. Cela ne peut être confié ni à une
administration ou à un Office, ni à des consultants. Ces experts
peuvent apporter leur expertise, mais il appartient aux
politiques, à vous Madame, Monsieur d'être au gouvernail. C'est à
cet effet que vous avez été élus, n'est ce pas?
A force de ne pas agir, de ne pas prendre au sérieux les
réticences, les peurs mais aussi les espoirs, vous contribuez au
pourrissement de la situation.
L'heure d'agir est arrivée. On vous attend Mesdames, Messieurs les
élus!
serge kollwelter, militant associatif
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