Le changement, maintenant !
Le vivre ensemble ne concerne évidemment pas le seul droit de vote des étrangers, il se décline dans les politiques d'éducation, de logement sans oublier la culture. La
dimension transversale de cette question est donc évidente.
Au Luxembourg,
on a tendance à considérer comme élément essentiel sur l'échiquier de l'intégration la nébuleuse entourée de consultants externes qu'est l'OLAI. Créé par la loi de
2008, l'ancien Commissariat du gouvernement pour les étrangers devenu Office
Luxembourgeois pour l’Accueil et l’Intégration a vu son budget pour les frais de
personnel presque doubler de 2008 à 2012. Un élément phare de l’activité de l’OLAI est le CAI -
le contrat d’accueil et d’intégration. Depuis sa mise en place 1 million
d'euros ont été investis dans celui –ci, une part non
identifiable allant à des consultants
et firmes de communication. En 2011 il y eut 184 contrats signés, en 2012 ce
nombre s’élève à 972.
L’OLAI est en
charge d'héberger et de nourrir
les demandeurs d'asile, responsabilité lourde s'il en est! Les réticences de nombreuses communes sont
alimentées par la non -
communication de l'OLAI envers les responsables communaux. Pétange,
Junglinster, Weilerbach/ Berdorf ne sont que les derniers exemples où les élus apprennent l’implantation d’une structure ou
la venue de demandeurs d’asile par la
presse!
Toujours dans le domaine du logement, venons à celui des foyers pour immigrés. Le Luxembourg
a connu en 2012 un solde migratoire annuel de 10 000 personnes. L’OlAI propose en
tout et pour tout 133 lits dans des foyers pour travailleurs seuls. Ces
locataires sont dans un contexte de quasi
non-droit: pas de contrat de bail et ce parfois depuis 20 ans. La loi de
2008 parle en son article 4 de logements provisoires. Plutôt que d'informer
les locataires de ce que la loi leur réserve et ce qu’il y a lieu d’entendre par provisoire, on emploie la méthode OLAI. En
2012 le foyer de Bonnevoie est vidé de ses locataires, il est toujours vide aujourd'hui! En été 2012, l'OLAI se
tourne vers des locataires du foyer de Mühlenbach, leur donnant trois mois pour sortir. Après des
interventions auprès du Ministre,
ce délai est prolongé de 6 mois.
Profitant de la quasi vacance de pouvoir gouvernemental, l’OLAI relance quelques
jours après l’entrevue avec le
Ministre de nouvelles lettres de déguerpissement endéans 3 mois à d’autres
locataires du foyer de Mühlenbach!
Y a-t-il un autre Ministère dans lequel un service conventionné par des centaines de milliers d’euros peut se
permettre de ne pas remettre de rapport d’activités?
A la veille d’une nouvelle
campagne de sensibilisation à l’inscription des étrangers sur les
listes électorales,
cette fois-ci pour les élections européennes, le comité restreint de 22
personnes, censé impulser, sous
la direction de l’OLAI et d’un consultant
bien sûr, la campagne
de sensibilisation de 2011 pour le élections communales, n’a pas encore tiré à ce jour ses
conclusions. Un nouveau consultant est prévu pour la nouvelle campagne.
On pourrait parler encore de consultations bidon pour des plans d’action pluriannuels,
du non recours à des moyens
financiers de l’UE prévus pour le
Grand - Duché dans la lutte
contre les discriminations, de la mise en place du nouveau Conseil National
pour Etrangers 3 ans après la loi de
2008, du ¾ des communes
qui n’ont pas remis à l’OLAI leur
rapport d’activités de leur
Commission Consultative d’Intégration. Citons, pour en terminer provisoirement,
un subside attribué à une commune
pour un projet d’intégration locale
de 30 000 euros préconisant deux
conférences, une
exposition, une représentation
musicale et la diffusion de un ou de plusieurs films. Pour aucun des 4 volets
il n’y a eu dans la
demande accordée la moindre précision quant au
contenu, aux dates, aux lieux…..
L’article 7 de la
loi de 2008 stipule que tous les 5 ans, donc d’ici la fin de cette année, « le ministre adresse un rapport national sur
l’accueil et l’intégration des étrangers (..) à la Chambre des Députés ».
Pour permettre au nouveau ou à la nouvelle Ministre d’avoir une vue d’ensemble, il
serait tout à fait
souhaitable de faire établir un audit
externe sur l’OLAI.
Pourquoi cette sortie de ma part? Je n’ai plus de responsabilité dans une
association conventionnée et je sais la
situation difficile dans laquelle peu(ven)t se trouver pareille(s) association(s)
pour critiquer les agissements de l’OLAI. Le désintérêt du Ministère de tutelle ne
facilite pas la moindre critique constructive.
Le changement est à l’ordre du jour,
les nouveaux responsables doivent donner des orientations politiques à ce service
public et ne pas le laisser à la traine des consultants privés.
Serge Kollwelter
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