mardi 17 mars 2015

A quoi sert le droit de vote ?

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in : Journal 14.3.2015

Simpliste, la question ? Nos ancêtres qui se sont battus pour briser la toute puissance des seigneurs qui régnaient sur eux et équilibrer les intérêts divergents de nos sociétés industrielles seraient sans doute offusqués quon puisse seulement poser la question, tellement la réponse leur semblait couler de source.
Et aujourdhui?  La croissance économique et le bien-être grand-ducal relèvent dune force de travail composée de 34% de  Luxembourgeois, de 26% de résidents étrangers et de 40 % de frontaliers sans oublier les investissements étrangers et les créations dentreprises par des allochtones. 
Lacquis de nos démocraties consiste à ce que les règles de fonctionnement émanent du vote populaire, base de la légitimité des élus, tant locaux que nationaux. Souvent on évoque à ce sujet le slogan un homme, une voix (devenu au Grand - Duché dès 1919 un homme ou femme, une voix) ou encore celui de la Tea Party de Boston en 1773 : « No taxation without representation ».
La démocratie luxembourgeoise est devenue bancale, ses élus ne représentent quune partie (décroissante) de la population.
(Graphe 1)
Si le graphe 1 fait état de la situation du corps électoral pour les législatives, notons que du côté des scrutins communal et européen la situation a bougé et ce à partir du traité de Maastricht. Au départ, les citoyens de lUnion étaient seuls concernés, à ce jour tout étranger au Luxembourg peut se faire élire et devenir bourgmestre.  Cette ouverture ne connait cependant quun succès mitigé, les inscriptions sur les listes électorales pour les communales natteignant que 17 % des concernés, celles pour les européennes seulement 12.
Il ny a eu malheureusement à ce jour pas danalyse, ni de débat sur le pourquoi de ces modestes scores, au point que lon peut se demander si ce rythme lent narrange pas le monde politique. Le principe est acquis, l’évolution lente ninduit pas  de bouleversement des rapports de force entre les partis politiques. Si nos responsables se satisfont de cet état des choses, ils devraient peut être revoir le nombre d’élus en fonction de l’électorat. Cest ainsi quavec 40% des ses habitants comme électeurs, la ville de Luxembourg devrait se contenter de  11 membres au conseil communal au lieu des 27 actuels.
La question de la présence des non - luxembourgeois se pose au sein des partis politiques, parmi le personnel communal, dans les logements appartenant à la municipalité, etc. Si daprès la loi un étranger peut devenir bourgmestre, logiquement TOUS les emplois communaux devraient être accessibles aux non - luxembourgeois. Avec quelques 3% la capitale est loin du compte !
Affinons un peu notre analyse et venons - en par exemple à la composition de la population par groupe d’âge (graphe 2) 

Le graphe 2 nous renseigne sur la structure des âges de la population luxembourgeoise respectivement étrangère de la capitale en date du 1 janvier 2008.
La « multiplicity » est une réalité évidente, le faible légitimé de ses élus une autre!  
A partir du graphe 1,  appliquons le principe dun nombre de députés correspondant à la dimension de l’électorat. Au lieu de 60 députés il en aurait encore 34 au Krautmaart!
La société légale s’éloigne de plus en plus de la société réelle des résidents !
Il appartiendra aux Luxembourgeois de décider le 7 juin prochain si cette situation de quasi apartheid leur semble porteuse davenir!
Le droit de vote nest pas un simple acte citoyen tous les 5 ou 6 ans, il donne à chaque citoyen un poids politique, dont les candidats et les élus devront tenir compte dune façon ou ou dune autre. Les intérêts légitimes en matière de scolarisation  ou de logement sont des enjeux démocratiques que les partis politiques prennent en charge selon leur orientation idéologique.
Scolarisation et logement pourront illustrer ces propos. 
Pour attirer les « high skilled » le gouvernement ne ménage pas ses efforts pour renforcer les écoles internationales. Ces populations scolaires peuvent s’épanouir en cercle fermé et peu de contacts avec les autres jeunes dici: on ne leur demande pas de sintégrer et de passer par le moule de l’école publique censée brasser les origines sociales et culturelles. Au risque dexagérer, la séparation se poursuit au sein du système scolaire luxembourgeois lui-même. Dans lenseignement classiques les futures élites du pays sont tenues à l’écart des jeunes des classes populaires et étrangères et ce dès l’âge de 12 ans.  Comme toujours, et de plus en plus les exceptions confirment la règle, et tant mieux !
Nempêche quil faudrait prendre au sérieux lanalyse du chercheur américain Joel Fetzer qui écrit dans son livre
« Luxembourg as an immigration success story » paru en 2011: "Perhaps they (un nombre croissant d'électeurs étrangers) will eventually come to view the status quo educational system as a form of institutional "affirmative action" for middle class native Luxembourgers at the expense of working class immigrants (..). " 
Cest l’école luxembourgeoise qui forme ou ne forme pas la population du Luxembourg de demain, les grosses fortunes ne restent au pays que le temps de leurs avantages (fiscaux et autres).
Au fil des décennies la politique de logement na pas accompagné la croissance démographique du pays, les choses vont -elles changer par l’électorat actuel,  renforcé demain ?
Ecole et logement ne posent pas problème aux high skilled et aux fortunés venant sinstaller au Grand - Duché, il sachètent tout ce quil leur faut dans ces 2 domaines.
Une école qui cherche depuis des décennies des réponses et un marché de logement créant et entretenant la pénurie de logements abordables se répercutent dans le chef des électeurs, daucuns rendant les nouveaux venus responsables !
Tout nest pas inéluctable, autant relever les défis !
serge kollwelter


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