lundi 16 mars 2015

Awunnerwahlrecht, et le chemin pour y arriver !


tageblatt, 14.3. 2015

Le pronostic de la future commissaire européenne, journaliste du Luxemburger Wort à l’époque, ne sest pas vérifié. Le 26 septembre 1987 elle y écrivait quaucune personne raisonnable ne peut être en faveur du droit de vote (communal) des étrangers, cela mettrait le pays à feu et à sang. Le Luxembourg sest paisiblement et lentement ouvert à la participation politique des étrangers aux plans communal et européen, comme une lettre à la poste.
Depuis le traité de Maastricht, le Luxembourg a abandonné certaines des dérogations y obtenues en ouvrant le droit de vote communal actif et passif à tous les résidents.
La perspective du « Awunnerwahlrecht » sur le plan national ouvre un débat essentiel sur la légitimité des organes démocratiques de notre société.
Rappelons aux nostalgiques de la souveraineté étriquée que le Grand-Duché a élargi son champ daction comme membre de lUnion européenne. A défaut de cette dimension, ses industries sidérurgiques et financières nauraient pas pu connaître le développement qui a été respectivement est encore le leur et les retombées de bien être sur sa population (et sur ses frontaliers). Les décisions politiques sont partagées entre le Krautmaart et Bruxelles/Strasbourg . La législation communautaire prévalant, la majorité des lois luxembourgeoises découlent de règlements et directives européennes. Or, cest précisément sur un des 2 législateurs de lUE, à savoir le Parlement européen et ses 6 élus du Luxembourg, que les « étrangers communautaires » ont déjà une influence puisquils sont admis comme électeurs pour ce scrutin. Dès lors laccès de tous résidents au droit de vote pour la Chambre des Députés est une suite logique: permettre la transposition des directives européennes en droit national par des députés mandatés par un électorat au moins aussi large que celui qui a choisi les membres du Parlement européen.
Pour la cohérence du débat à venir sur le « Awunnerwahlrecht » il y aurait lieu de faire e.a. un bilan des scrutins communal et européen déjà ouverts. Avec 17 % dinscrits non-luxembourgeois pour les élections communales de 2011 et 12 % pour les européennes de 2014, le moins que lon puisse dire que ce nest pas la ruée. Il est regrettable quaucune analyse sérieuse nait encore été faite de cet état des choses. Cest dire que cela arrange quelque part nos politiques: le principe est acquis, l’évolution lente ne bouleversera pas les rapports de force et on renverra à des campagnes de sensibilisation afférentes. En effet, on ne connait pas de campagnes de sensibilisation dans dautres Etats membres.
Alors qu'au Luxembourg, l'intéressé doit aller s'inscrire dans sa mairie, en Belgique c'est par courrier que l'électeur potentiel est contacté, courrier accompagné d'un formulaire à remplir et à renvoyer par la poste avec une photocopie de la carte d'identité. Cette façon de faire aurait rendu superflus les efforts de nombreuses communes luxembourgeoises pour ouvrir leurs bureaux un samedi pour sinscrire!
La sensibilisation pour les européennes de lannée passée se faisait dans un cadre abstrait où il n'était pour ainsi dire pas question de politique: ni des politiques de l'Union européenne, ni du cadre institutionnel dans lequel se situe le Parlement européen, ni de partis politiques et d'options politiques. Un simple acte administratif, promu sans conviction!
Personnellement je suis davis quil ny aura de percée qu’à partir du moment où les partis politiques auront intégré des non - luxembourgeois à tous les niveaux. Combien d’étrangers dans les instances dirigeantes des partis politiques à lheure actuelle ?
Des pas restent à franchir pour satisfaire aux exigences de larticle 19 du traité de Maastricht pour ce qui est dun accès au vote aux mêmes conditions que les nationaux. Nous ny sommes pas encore, linscription des Luxembourgeois se faisant doffice et sans la moindre période de séjour. Cest ainsi quun Luxembourgeois ayant vécu par exemple 30 ans à New York et revenant au Grand -Duché deux semaines avant les élections pourra y participer! Le Luxembourgeois allant habiter de lautre côté de la frontière en Allemagne sera surpris davoir une convocation pour les élections communales, sans avoir fait la moindre démarche. Il est vrai que le vote ny est pas obligatoire.
La cohérence avec lambition du droit de vote national voudrait que les scrutins communal et européen soient facilités. Concernant la durée de résidence requise pour les municipales, la Chambre des Députés avait adopté une motion présentée par le député Camille Gira en janvier 2011 décidant de rediscuter les dispositions relatives au délai de résidence en vue de le réduire. La motion est restée sans suites à ce jour.

Deux aspects, à priori formels, mais lourds de sens, par rapport au référendum. Dune part la question concernant le « Awunnerwahlrecht » connait des formulations légèrement différentes selon les langues. Si en français on parle de « résidents non - luxembourgeois » en allemand et en luxembourgeois il est question des concitoyens étrangers (auslännesch Matbierger). Si la formulation germano-luxembourgeoise me plait davantage, on ne peut pour autant parler dune traduction fidèle pour un texte soumis à des centaines de milliers d’électeurs !
Daucuns souhaitent que le référendum soit loccasion dun vaste débat sur la révision de toute la constitution. Encore faudrait - il connaître l’état actuel des travaux parlementaires, les divulguer, les vulgariser! Vaste chantier !
En cohérence avec un « Awunnerwahlrecht »  une réflexion  devrait porter sur la formulation actuelle de larticle 32:  « La  puissance souveraine réside dans la Nation ». Ne serait- ce pas le « peuple » vivant, travaillant et décidant ensemble quil faudrait consacrer dans pareil article? 

serge kollwelter

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