mercredi 23 juin 2010

Schengen : l’euphorie pour tout le monde ?



Les célébrations des 25 ans de l’accord de Schengen ont été une illustration poussée de l’eurocentrisme. L’abolition des contrôles aux frontières est entrée dans les mœurs des européens et les jeunes ne peuvent même pas s’imaginer qu’il puisse en être autrement.
Les effets, voir les dégâts collatéraux, sont soigneusement rangés aux oubliettes. A noter cependant une prise de position circonstanciée de la Plate – forme Migrations & Intégration publiée seulement par le Wort et le Journal.
Entrer dans l’espace Schengen pour celui du dehors est devenu de plus en plus difficile, impossible ou mortel. A la suite des accords de Schengen. une politique commune s’est mise en place en matière d’immigration.Vous vous rappelez : 1985 c’est la montée du Front National , 1989 la Nationalbewegong râte de peu un siège de député dans la circonscription du Sud, racisme et xénophobie se banalisent un peu partout. Pour un continent vieillissant on prône une politique d’immigration communautaire ayant comme préoccupation essentielle la sécurité, le combat de l’immigration illégale, on organise l’enfermement et les centres de rétention, l’obsession sécuritaire finit par prendre le dessus. A ce jour une timide formule de « blue card » consacre une immigration choisie, mais ne fait pas le poids face à la « green card » made in USA. Lors du colloque du 19 juin à Schengen, l’intervention de la députée européenne Astrid Lulling était symptomatique: endéans une minute elle avait fait l’amalgame entre immigration, criminalité et terrorisme. Elle avait voté à Strasbourg la directive – retour, permettant une rétention jusqu’à 18 mois pour des personnes en situation administrative irrégulière. Elle avait argumenté que cette directive délimitait enfin la durée de rétention. Elle avait oublié qu’elle avait elle même voté en 1972 la loi luxembourgeoise sur l’entrée et le séjour des étrangers qui limitait à 3 mois pareille rétention.
Ceux du dehors vivent l’Europe du renforcement des frontières comme une forteresse. Ils subissent l’augmentation vertigineuse du tarif des passeurs, la croissance du nombre des morts. Selon l’observatoire des victimes de l’émigration 14.921 immigrés sont morts aux frontières de l'Europe depuis 1988, dont 6.469 sont disparus en mer. Ces chiffres ne font évidemment seulement état des morts « répertoriés ».
Pour en revenir à la seule Afrique évoquons les économies envoyées par la diaspora africaine en 2008 : selon Le Monde du 23 octobre 2009 il s’agissait de 27, 3 milliards d’euros, le double de l’aide publique au développement !
Quelque part il faudra en venir à favoriser des canaux légaux d’immigration et à agir sur les causes de l’émigration par exemple par l’annulation immédiate de la dette des pays du Sud, d’autant qu’elle rend les Objectifs du Millénaire pour le Développement inatteignables, à savoir la réduction de moitié de la pauvreté dans le monde à l’horizon 2015.

Le visa Schengen
Ce qui fait la renommée du nom de Schengen de par le monde, ce sont les visas de tourisme à ce nom et qui sont établis par un pays de l’UE et valent pour tous les autres.
La carte nous montre les pays exempts de visas : être blanc ou latino permet un déplacement sans visa, noirs et asiatiques semblent relever d’office de la catégorie des suspects.
Restent les conditions d’obtention d’un visa Schengen. Si le lecteur de ces lignes va en vacances en Egypte, il pourra se porter acquéreur pour quelques euros d’un visa à l’arrivée à destination. Si jamais il voudra inviter un Egytien à lui rendre visite au Luxembourg, l’un et l’autre apprendront que réciprocité ne veut pas dire égalité de traitement. Pour l’obtention d’un visa Schengen, le demandeur devra faire preuve de patience et de garanties de la part de son hôte.

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