Pot pourri

Je voudrais avancer quelques éléments puisés dans le cahier économique No 109 du STATEC "rapport travail et cohésion sociale" dont les auteurs sont Jean LANGERS, Guillaume OSIER, Marco SCHOCKMEL et Paul ZAHLEN. Il appartiendra au lecteur de faire la part des choses et de lier ces éléments avec d'autres et qui peut être téléchargé du site du STATEC

S'en sortir par l'école
"(..) l'Etat intervient en promouvant l'intégration par l'école publique.(..) Robert Castel rappelle cependant fort opportunément que cet effort est essentiellement concentré sur l'école primaire et que l'enseignement plus poussé reste réservé aux classes moyennes et supérieures." Page 39.
Les études PISA ont montré que l'école luxembourgeoise agit peu sur les inégalités sociales. Lire aux enfants, leur donner envie de lire, avoir une bibliothèque, savoir aider pour les devoirs, pouvoir financer des aides externes, disposer d'un endroit tranquille à la maison, faire partager des activités culturelles, avoir des exemples de réussite dans la famille, on pourrait allonger la liste des handicaps qui affectent les enfants socialement défavorisés. Va -t-on résoudre tout cela par les chèques service ? Et si l'école publique offrait la journée continue en additionnant école et maison relais dans une même approche pédagogique plutôt qu'un éparpillement entre des institutions ne collaborant qu'à titre exceptionnel et ayant des employeurs/ autorités de tutelle différents.

Le chômage
" La tendance du chômage tend vers la moyenne européenne. Le chômage de longue durée se maintient également à des niveaux élevés." Page 43. " (..) le pourcentage de contrats de travail à durée limitée sont également en augmentation en passant de 2% en 1997 à près de 7% en 2007." Page 44. " On sait que l'emploi protège de la pauvreté au niveau individuel. Le taux de pauvreté parmi les sans emploi est de 50%." Page 45. "(..) la question (se pose) des working poor et des bas salaires." Page 45.

In-égalités
" L'ordre social résultant du compromis keynésien des "Trente Glorieuses" reposait entre autres sur les principes de l'égalité et de l'équité." Page 40. "Est-ce que pour autant pauvreté et inégalités avaient disparu à la fin des Trente Glorieuses. Il n'en est rien." Page 41.
" Le Luxembourg se place parmi les pays plutôt égalitaires, alors que les pays voisins (..) restent assez bien placés sur l'échelle des inégalités." page 46. L'indice de Gini* place le Luxembourg en 6e position avec un indice de 26, précédés par les pays scandinaves avec 23 à 25. Reste à savoir où se situent les 150 000 frontaliers dans ce calcul.

Le taux de pauvreté
"Entre 1996 et 2008, le taux de pauvreté relatif (..) au Luxembourg est resté pratiquement constant (entre 12 et 14%)." Page 44.
"Par rapport à 2007, l'écart entre nationaux et étrangers se serait encore creusé, passant de 12,3 à 14,2 points de pourcentage. Le taux en question s'élève, en 2008 à 6,2% chez les premiers et à 2020,4 % chez les seconds." Page 13.

Le couple cohésion-exclusion
"(..) l'exclusion sociale se situerait à l'opposé de la cohésion sociale. Une société cohésive reposerait sur l'intégration civique (la participation à la démocratie), l'intégration économique (par le marché du travail), l'intégration sociale (par les services et prestations de l'Etat, notamment dans le domaine de la réduction de la pauvreté) et l'intégration dans la communauté ( réseaux, liens sociaux). " Page 69.

La diversité au lieu de l'égalité
L'étude du STATEC nous montre une large ouverture de la population à la diversité (pages127, 128). La question qu'il faudrait se poser si cette acceptance de la diversité va de pair avec la résignation de l'inégalité.

Un PIB pour étonner et cacher.
Lorsque l'on calcule le PIB par habitant le Grand- Duché déclasse tous les autres. Or nulle part ailleurs la part du PIB due aux non - résidents est si élevée qu'au Grand-Duché. Avec une quote part aussi impressionnante il ne peut y avoir de pauvres, n'est - ce pas?

Serge Kollwelter

* L'indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique d'inégalités de salaires (de revenus, de niveaux de vie...). Il varie entre 0 et 1. Il est égal à 0 dans une situation d'égalité parfaite où tous les salaires, les revenus, les niveaux de vie... seraient égaux. A l'autre extrême, il est égal à 1 dans une situation la plus inégalitaire possible, celle où tous les salaires (les revenus, les niveaux de vie...) sauf un seraient nuls. Entre 0 et 1, l'inégalité est d'autant plus forte que l'indice de Gini est élevé.