(tribune libre, 7 juin 2016)
Lorsqu’au milieu du 19e
siècle fut introduite la fixation du nombre de conseillers communaux selon le
nombre d’habitants pays légal et pays réel furent en concordance, sauf que le
droit de vote censitaire ne permettait qu’à quelques milliers d’habitants de
s’exprimer.
Depuis lors,
la composition de la population a
fortement changé au point de s’approcher d’un parfait équilibre (numérique)
entre luxembourgeois et résidents étrangers! Même si les derniers peuvent
participer et être élus selon certaines conditions, il faut constater que la
relation habitants- électeurs a changé fortement. C’est ainsi que si dans la
capitale le nombre de conseillers communaux était fixé par rapport aux
électeurs, il n’y aurait pas 27 conseillers, mais peut être 10 ou 11!
Le traité de Maastricht a
donné suite à une revendication du début des années ’80, à savoir le droit de
vote communal des étrangers. Se drapant au départ de dérogations, le Luxembourg
a néanmoins avancé au point de permettre à tous, ressortissants de l’UE et de
pays tiers, d’être électeur et élus à tous les postes communaux. Cette
ouverture bien plus généreuse que dans les autres Etats membres se fonde sur la
faible inscription des concernés sur les listes électorales ne donnant de la
sorte pas lieu à des modifications des rapports de force électorale.
La question de la légitimité
reste donc posée de même que la prise en compte des intérêts et aspirations de
larges parties des populations communales, parfois même, comme dans la
capitale, de l’écrasante majorité
Les modalités
d’inscription: un obstacle ?
Avant d’aborder les aspects
concrets de l’inscription, il convient de citer l’obligation de vote qui vaudra
une fois inscrit sur les listes tout comme pour les Luxembourgeois: pareille
obligation est étrangère à l’immense majorité des cultures politiques et vaut
sans doute pour certains comme obstacle psychologique, même si depuis des
décennies aucune amende n’est perçue en cas de non - participation …
Les cinq années de résidence
qui sont requises à ce jour survivent comme une des dernières dérogations obtenues par le Grand-Duché à
Maastricht.
Notons qu’en Belgique -
royaume à obligation de vote - aucune période de résidence n’est requise en ce qui concerne les citoyens
de l’Union européenne sauf le délai
servant à l’établissement des listes. Chez nos voisins l’inscription se fait
par simple renvoi d’un formulaire diffusé aux concernés. Le ressortissant d’un pays tiers devra
prouver 5 années de séjour en Belgique.
Au Luxembourg cinq années de
résidence sont à prouver et ce jusqu’à 87 jours avant le jour du scrutin.
Jusqu’au 1 avril 2016 les personnes concernées devaient se rendre
auprès des différentes administrations communales, où elles ont résidé pendant les
cinq dernières années, pour demander à chaque fois un
certificat de résidence.
Depuis lors les registres communaux des personnes physiques, permettent aux
agents communaux de vérifier la période de résidence requise sur base des
données du registre national des personnes physiques. Un progrès indéniable !
Un engagement oublié ?
Nous allons assister sous peu
à la réduction de la durée de séjour de 7 à 5 ans en vue de la
naturalisation, raison de plus pour abaisser celle pour l’inscription sur les
listes électorales.
Les députés (de l’époque) Camille Gira, Alex Bodry, Fernand Etgen,
André Hoffmann, Gilles Roth et Jean-Louis Schiltz firent adopter le 27
janvier 2011 par la Chambre des députés une résolution stipulant que le
Parlement « décide à l'issue des élections du 9 octobre 2011,
d'analyser le déroulement de ces élections et de rediscuter les dispositions
relatives au délai de résidence en vue de le réduire. » Les élections communales de 2011 sont
passées, les prochaines se pointent à l’horizon. Aux forces politiques ayant
adopté la résolution de 2011 d’agir … enfin!
Pour
l’inscription: quelles campagnes ?
Avant de sensibiliser il
conviendra de simplifier la procédure:
- en réduisant
la durée de résidence,
- en permettant l’inscription par internet,
- en fournissant un formulaire à remplir et à
envoyer par la poste.
La dimension politique de
l’inscription relève
- de
la précision des compétences communales dans les efforts de sensibilisation
pour que l’intéressé puisse se rendre compte des enjeux réels et n’aie pas des
attentes qui se situent au delà du niveau communal,
- de
la participation des élus et des partis politiques actuels du conseil communal
à la campagne de sensibilisation,
- d’une
présentation des « essentials » des partis politiques pour
la période 2017- 2023 sur des thèmes sensibles liés à la vie de de la commune
respective pour fournir aux
citoyens une meilleure compréhension des enjeux politiques,
- d’une démonstration de cohérence de la part des
partis politiques qui se présenteront aux électeurs en proposant un éventail de candidats tenant compte tant soit peu de la
composition de la population. Un ou une seule candidat/e - alibi ne serait pas
nécessairement un signe d’ouverture,
- d’une précision quant aux emplois communaux, tous
ouverts – sous réserve des compétences afférentes – à tous les résidents. En effet, si la loi permet
d’être élu, voire de devenir bourgmestre, il n’ y a pas d’obstacle pour aucun
job communal. L’accès aux emplois communaux des citoyens de l’Union
européenne relève du cadre juridique de l’Union . Si au Luxembourg un Nigérian
ou un Américain pourrait devenir bourgmestre, comment s’imaginer qu’un emploi
communal pourrait être refusé à un non – communautaire ?
- de la diffusion du Programme Communal d’Intégration que
toutes les communes sont en train d’élaborer comme illustration d’une volonté
politique explicite,
La sensibilisation pourrait se
concentrer sur la période précédant le dernier délai d’inscription c’est à dire
le 13 juillet 2017, une sorte de précampagne électorale avec éléments de
programme et candidats connus s’étalant du 1 juin au 13 juillet. Toute nouvelle
campagne devrait bénéficier des enseignements tirés de la campagne de 2011. Y
aura-t-il une ou plusieurs journées nationales d’inscription ? Un rôle certain devrait revenir
au ZepoBi (Zentrum für
politische Bildung) que le Ministre de l'Education Nationale, de la Jeunesse et
de l'Enfance est en train de mettre en place. Les publications communales comme
CITY pour la capitale devraient présenter les compétences communales,
l’historique du droit de vote au Luxembourg, etc.
L’effort et les actions promues ces
semaines - ci pour encourager les femmes (étrangères?) à$ se porter candidates
aux élections communales de 2017 mobilise gouvernement, communes et partis
politiques. Il devrait en être de même pour l’inscription des non -
luxembourgeois sur les listes électorales. Pareille campagne ne peut être
confiée aux seules commissions consultatives communales pour l’intégration!
Serge Kollwelter, Custodio Portasio, Guy
Thomas, membres de la CCI de la ville de Luxembour
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