samedi 18 juin 2022

Eis Finanzplatz, dat si mir all! Och am Ruanda ?



Les appréciations de Human Rights Watch et de Amnesty International sur les droits humains au Rwanda sont accablantes. Moins directe, mais tout aussi parlante, la déclaration du  représentant du Royaume Uni au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU en janvier 2021:
(..) We remain concerned, however, by continued restrictions to civil and political rights and media freedom. (..)  we urge Rwanda to model Commonwealth values of democracy, rule of law, and respect for human rights.
We recommend that Rwanda:
1.     Conduct transparent, credible and independent investigations into allegations of extrajudicial killings, deaths in custody, enforced disappearances and torture, and bring perpetrators to justice.
2.     Protect and enable journalists to work freely, without fear of retribution, and ensure that state authorities comply with the Access to Information law.
3.     Screen, identify and provide support to trafficking victims, including those held in Government transit centres.

Voilà donc le visage du nouveau partenaire de la Coopération luxembourgeoise et de la place financière grand-ducale. Alors que les conditions de transparence font des progrès dans les  institutions financières du Kirchberg et alentours, le régime de Kagali offre un havre d’intransparence dans un cadre bafouant les droits de l’homme et alimentant la guerre au Congo par son soutien aux rebelles du M23. Ecoutons à ce sujet le Dr Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix 2018 pour son action en faveur des femmes victimes de viols dans cette région en proie aux violences des groupes armés depuis près de trente ans. Il y a quelques jours le médecin a évoqué "les multiples agressions dont est victime (la RD Congo). La plus récente, qui se déroule encore sous nos yeux, est celle du groupe M23 dont le soutien du Rwanda est connu de tous depuis des décennies", a-t-il ajouté.
Boris Johnson a remis aux oubliettes son appréciation de l’année passée et s’est mis à détourner l’attention de son opinion publique de ses déboires internes vers une politique d’asile révolutionnaire. Les demandeurs d’asile parvenus sur l’île seront envoyés - contre monnaie sonnante - au wuanda où leur demande sera examinée.  Pour ceux qui y obtiendraient  le statut de réfugié pas question de pouvoir (re-)venir en Grande-Bretagne.
L’article 33 de la Convention de Genève, dont le Royaume Uni est signataire, porte le titre : DÉFENSE D’EXPULSION ET DE REFOULEMENT. Il  est formulé comme suit: Aucun des Etats Contractants n’expulsera ou ne refoulera, de quelque manière que ce soit, un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité,
de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques.
Le Rwanda est peu recommandable comme pays de destination des demandeurs de protection à croire Human Rights Watch. Citons leur communiqué du 14 avril 2022 :  (..) le bilan déplorable du Rwanda en matière de droits humains est bien documenté. En 2018, les forces de sécurité rwandaises ont abbatu au moins 12 réfugiés de la République démocratique du Congo après leur tentative de manifester contre une réduction des rations alimentaires. Les autorités ont ensuite arrêté et poursuivi en justice une soixantaine  d’entre eux, notamment pour rébellion et « diffusion de fausses informations dans l’intention de créer une opinion internationale hostile à l’État rwandais ». Le Rwanda est notoirement connu pour ses exécutions extrajudiciaires, ses morts suspectes en détention, ses détentions illégales ou arbitraires, ses actes de torture et ses poursuites judiciaires abusives, notamment à l’encontre des détracteurs et des dissidents.

Faisons des affaires, mais ne faisons pas une affaire de la violation de la convention!

Qui donc entre en lice en cas  de violation manifeste d’une convention, si ce n’est le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU? Comme le Luxembourg en est membre, nous attendrons (en vain?) qu’il y soulève cette violation.
Les 140 millions annuels que le Royaume Uni versera annuellement au Rwanda pour sévices rendus pourront servir à renforcer la nouvelle place financière de Kigali, partenaire du Grand Duché.

La boucle est bouclée.

serge kollwelter

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